Ce projet, à la croisée de trois enseignements, l’histoire, le français et le théâtre, est né d’une rencontre avec Didier Lesour, comédien metteur en scène. En histoire et en français une enquête menée tout au long de l’année scolaire nous plonge dans la recherche d’archives afin d’écrire une biographie d’un des déportés du Convoi 77. Au théâtre, l’écriture et la mise en scène d’une pièce sur la vie de ce déporté permettent de réinterroger ce passé à l’aune de la création artistique.
Chaque nouvelle pièce tente d’évoquer la vie d’un homme, d’une femme ou d’un enfant ordinaire, ces inconnus, ces invisibles de l’histoire qui ont laissé si peu de traces. Pour cela, nous disposons en début d’année de « matériaux » donnés par l’association Convoi 77 : quelques documents, la plupart administratifs. Ensuite c’est une véritable enquête historique qui commence avec les élèves, comme celle que mène Patrick Modiano dans Dora Bruder, c’est-à-dire une enquête quasi policière, afin de trouver de nouvelles archives. Très souvent nous nous heurtons à la difficulté de la recherche, à l’impossibilité de combler ces vides, ces manques. C’est là que le théâtre intervient et prend toute sa mesure. En effet, accumuler des traces, des témoignages, des documents, c’est le travail de l’historien. Mais quand « ça s’échappe », il faut imaginer. C’est là que s’invite le travail artistique. On n’attend pas de l’artiste qu’il conforte le travail de l’historien, mais qu’il « l’invente », c’est-à-dire le découvre, l ‘éclaire.
La pratique théâtrale permet, par l’incarnation de personnages dans des situations, de rapprocher les élèves eux-mêmes de la personne sur laquelle ils enquêtent. Ainsi se tisse un lien entre le présent et le passé. Celui qui cherche est vivant, et c’est précisément en tant que tel qu’il cherche : pour trouver quelque chose en lui-même.
Qu’il n’y ait pas d’ambiguïté : on ne « joue pas à » Drancy, on ne « joue pas à » Auschwitz, on ne fait pas « comme si ». Non, le jeu ne concerne que la mémoire comme il peut y en avoir dans des rouages. Et c’est ce « jeu » de la mémoire qu’on essaie de montrer, de mettre en scène.
Film intégral :
On pourra lire ici Paroles d’élèves des réactions d’élèves à la suite de la réalisation du projet.