Situé dans la zone nord de Buenos Aires, le Parc de la mémoire. Monument aux victimes du terrorisme d’État est un vaste espace de 14 hectares entièrement dédié aux victimes de la dictature (1969-1983), inauguré le 31 août 2001. A partir de 1999, il s’est trouvé au centre de polémiques initiées par plusieurs associations liées aux victimes comme celle des Mères de la Place de mai. Celles-ci en dénonçaient l’hypocrisie, de nombreux criminels bénéficiant encore de l’impunité. Depuis, un certain nombre de procès a été attenté ou révisé à charge. La fonction d’un monument, si l’on ne veut pas qu’il disparaisse sous nos yeux à force de s’y habituer (Musil), tient précisément à sa capacité de déclencheur mettant la mémoire en débat. En cela, El Parque de la memoria reflète l’ambivalence d’une tête de Janus. D’un côté, il représenterait la dimension conventionnelle propre à la mémoire, de l’autre, il exprimerait une puissance critique du passé que les volontés réconciliatrices cherchent à brider. Pourtant, encore une autre dimension singularise ce lieu. Il n’est pas seulement voué au recueillement. Des enfants s’y amusent, des amoureux s’y embrassent, les familles y pique-niquent, les visiteurs y déambulent, c’est un lieu où les manifestations du bonheur de vivre ne sont pas perçues comme une atteinte à la mémoire des victimes.
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[crédit photos: Philippe Mesnard, août 2014]