Ne vous y trompez pas, ces plaques n’ont de rouille que l’aspect. Elles n’ont aucunement été négligées au point de se détériorer par l’effet incompressible du temps. Produit de l’industrie sidérurgique dont la résistance est sans pareil, elles sont nées comme cela. Autrement dit, c’est quasiment du neuf que l’on voit en ce manteau de fausse rouille. Le korten est, en effet, un acier dont l’oxydation se recouvre, dès sa fabrication, d’une touche rétro. En les voyant, nous faisons l’expérience plus du mémoriel que de la commémoration – et de la façon dont le mémoriel se réapproprie la commémoration. Car le mémoriel est aujourd’hui cette manière de faire revenir le passé à partir de technologies de pointe en faisant prendre au présent l’apparence de l’éminemment ancien […]
à retrouver la suite dans Les Paradoxes du mémoriel, 2021, éditions Le Bord de l’eau. Et dans le n°11 de Mémoires en jeu.