Visiter un site mémoriel avec des élèves

Sophie FellerProfesseur de lettres au lycée de la Venise verte de Niort
Mylène HerryFormatrice académique & professeure d’espagnol à la cité scolaire du Couserans à St Girons
Florence Moreauprofesseure de lettres, collège Jean Monnet, Angers
Estelle Provostprofesseure de lettres, Toulouse
Paru le : 06.10.2023

Se plonger dans les passés douloureux, explorer les traumatismes de l’Histoire, se confronter aux violences de cette dernière, toutes ces démarches passent bien souvent, en rapport avec les programmes, par des visites de sites mémoriels qui viennent nourrir, en amont et/ou en aval, le travail effectué en classe. Ce dossier a pour objectif d’aider les enseignants à :

  • clarifier ce que l’on vient voir et pourquoi on vient le voir ;
  • appréhender les parcours et dispositifs qui orientent le cheminement de l’enseignant comme des élèves ;
  • préparer ces derniers pour qu’ils soient, non des spectateurs passifs, mais des acteurs de leur visite en leur permettant de penser leur parcours, en interrogeant leurs réactions, leurs émotions voire les difficultés liées au cheminement accompli, en développant leur autonomie.

 

Disciplines et enseignements : Lettres, Histoire, Géographie, Arts plastiques, Histoire des arts, Philosophie, Humanités, lettres et philosophie, Géopolitique et Sciences Politiques.

Classes : cycles 3 et 4, lycées

L’immersion au service de la transmission ?

L’immersion au service de la transmission

Muséographie des sites mémoriels

Prendre connaissance des dénominations des espaces de mémoire

Se plonger dans les passés douloureux, explorer les traumatismes de l’Histoire, se confronter aux violences de cette dernière : toutes ces démarches passent bien souvent, en rapport avec les programmes, par des visites de sites mémoriels qui viennent nourrir, en amont et / ou en aval, le travail effectué en classe. En effet, la transmission de la mémoire est facilitée lorsque celle-ci se manifeste concrètement, spatialement pourrait-on dire, dans une topographie pensée, organisée, structurée, laquelle peut se décliner sous diverses formes dont il est intéressant de saisir les missions et enjeux qui leur sont assignés.

Dans le cadre de l’approche ici proposée, il est important de souligner que le Comité international pour les musées commémoratifs à la mémoire des victimes de crimes publics (ICMEMO), lequel est lié au Conseil international des musées (ICOM), a été créé en 2001 pour accompagner les musées plus spécifiquement dédiés à la commémoration des personnes victimes de crimes d’État, de crimes commis avec l’assentiment de la société ou au nom de motivations idéologiques. Certains des sites, ici définis, relèvent de cette catégorie dont l’approche peut être complétée par la prise en considération de la singularité de quelques-uns de ces « lieux de désastres » présentés dans la rubrique « Des sites et des lieux » : https://www.memoires-en-jeu.com/des-sites-et-des-lieux/

Glossaire

S’approprier le lexique muséographique pour préparer une visite

Organiser la visite de ces lieux à destination des classes implique donc non seulement d’en avoir une approche précise mais aussi de s’interroger sur les stratégies de sollicitation des visiteurs qui y sont à l’œuvre afin :

  • de clarifier ce que l’on vient voir et pourquoi on vient le voir ;
  • d’appréhender les parcours et dispositifs qui orientent le cheminement de l’enseignant comme des élèves ;
  • de préparer les élèves pour en faire non de simples spectateurs passifs mais bien des acteurs de leur visite : il s’agit de susciter la réflexion en leur permettant de penser leur parcours et d’interroger leurs réactions, leurs émotions voire les difficultés liées au cheminement accompli ;
  • de développer leur autonomie.

Le tableau proposé synthétise les entrées croisées envisageables pour penser et préparer la visite d’un espace de mémoire.

 

Construire une réflexion relative à la visite de ces sites mémoriels passe par la prise en compte de « l’économie des représentations[1] » qui y est à l’œuvre, laquelle engage une authentique réflexion sur la muséographie développée dans ces espaces.

Mais qu’est-ce que la « muséographie[2] » ? L’emploi de ce terme fait l’objet de nombreux débats et de nombreuses réflexions théoriques dans lesquels il ne s’agit pas de rentrer ici. De manière simple, la « muséographie » renvoie d’abord aux techniques permettant la mise en œuvre des fonctions muséales et « particulièrement en ce qui concerne l’aménagement du musée, la conservation, la restauration, la sécurité et l’exposition » (Dictionnaire encyclopédique de muséologie[3]). Au cœur de toutes ces fonctions, s’impose la prise en compte du public et de son appréhension intellectuelle et/ou affective du musée qu’il parcourt sachant que le terme « muséographie » a tendance à ne plus simplement s’appliquer exclusivement aux dispositifs propres aux seuls musées mais à concerner tout espace, tout site à vocation muséale.

En outre, comme le soulignent Delphine Bechtel et Luba Jurgenson, un autre type de mutation est à l’œuvre : « Les processus de muséographie ont subi de vastes transformations, on est souvent passé de la présentation d’“objets” et du procédé descriptif à des dispositifs synesthésiques et immersifs. Les nouveaux modes de représentation du passé impliquent la mise en avant du témoignage, le rappel de destins individuels, l’appel non pas à la construction d’un savoir historique mais à l’identification, à l’empathie et à l’émotion[4]. »

Dans cette optique, et afin de faciliter l’entrée dans les réflexions sur les déclinaisons, enjeux et limites de la muséographie des espaces de mémoire, ont été conçues trois fiches permettant d’organiser un glossaire thématique, lequel a un triple but : se familiariser avec le lexique de la muséographie ; mieux cerner les démarches et les finalités de cette dernière dans le cadre des parcours et des visites ; rendre sensible aux élèves le travail de conceptualisation à l’œuvre dans la pensée et l’élaboration d’un espace patrimonial et mémoriel mais aussi les questions qu’il soulève.

Les métiers

Parcours et dispositifs muséaux

Les récepteurs

Enseigner les mémoires traumatiques : du musée à l’école et de l’école au musée

Voir le document PDF disponible ici.

 

[1]  Philippe Mesnard, « La question du pathos dans les espaces des musées et des mémoriaux », Annette Becker, Octave Debary (dir.) Montrer les violences extrêmes, Paris, Creaphis, 2012, p. 65.

[2] Approche à compléter avec la définition du terme « muséographe » dans la fiche « Métiers ».

[3] André Desvallées, François Mairesse (dir.), Concepts clés de muséologie, Paris, Armand Colin, 2010, p. 53.

[4] Delphine Bechtel, Luba Jurgenson, « Introduction » in Delphine Bechtel et Luba Jurgenson (éd.), Muséographie des violences en Europe centrale et ex-URSS, Paris, Éditions Kimé, 2016, p. 14-15. Voir la présentation de l’ouvrage à l’adresse suivante :  https://www.memoires-en-jeu.com/compte_rendu/museographie-des-violences-en-europe-centrale-et-ex-urss/.