Les entretiens de Rachel Ertel avec Stéphane Bou, retour sur une vie consacrée à la littérature yiddish

Marie-Laure LepetitI.G. Lettres-cinéma
Paru le : 01.02.2021

Mémoire du yiddish – Transmettre une langue assassinée (Albin Michel, 2019)

Compte rendu de lecture

Marie-Laure Lepetit, inspectrice générale de lettres et de cinéma


Si Rachel Ertel n’a jamais fait de psychanalyse ni publié d’autobiographie, elle parvient à livrer dans ces entretiens, grâce à l’art subtile et nuancé du questionnement de Stéphane Bou, une certaine forme d’intimité : elle dévoile au lecteur son parcours de petite fille et d’adolescente, de la Pologne à Paris en passant par la Sibérie, et pose un regard rétrospectif sur ses engagements professionnels et idéologiques ainsi que sur ses passions littéraires et culturelles.

Cet échange en forme de boucle s’ouvre et se ferme sur le vide de sa mémoire d’enfant, « un blanc total, se confondant avec la steppe sibérienne… ». Stéphane Bou tente de la lui faire retrouver… pas totalement en vain !

Ses premiers souvenirs sont ceux qu’elle doit à la vie qu’elle a menée dans ce qu’elle appelle le « phalanstère yiddish », un immeuble de la rue Guy Patin dans le 10e arrondissement de Paris où s’étaient réfugiés des Juifs rescapés venus en masse. Rachel Ertel y a grandi après son arrivée en France en 1948. Dans un champ lexical qui va de la « ruche » à la « planète », elle fait revivre pour nous ce « lieu de bohème » qui l’a « ensorcelée », cette « colonie d’artistes », qui, le jour comme la nuit, bourdonne de manifestations culturelles, de conversations, de chants et de musiques, de poésies et de textes en tout genre. La création permanente ! La vie ! Mais c’est aussi le lieu où, à travers « des mots comme “Auschwitz”,“Belzec”, “Chelmno”, “Treblinka”, “Sobibor”, “Bergen-Blesen”, “Majdanek”, “ghetto”, “lager”, “assassinés”, “gazés”, “crématoriums”… », elle a perçu le mystère de « ténèbres indéchiffrables » et angoissantes, celles du Massacre, de l’Anéantissement, qui, dès lors, est devenu « l’obsession de [sa] vie » : « Ma quête des fantômes commença et ne me quitta plus. C’est là, en pensant aux exterminés, que naquit en moi la question formulée beaucoup plus tard : “Qui fera que soient écrites leurs paroles ? ” […] Cela devint pour moi un impératif catégorique : les faire connaître et faire reconnaître le monde culturel dans lequel j’étais née ».

Aussi Rachel Ertel publiera-t-elle en 1982 le fruit d’un long travail, Le Shtetl, la bourgade juive de la Pologne, de la tradition à la modernité. Livre d’histoire et d’ethnologie, il raconte la vie des Juifs avant la Shoah, témoigne de la vitalité de leur action et de leur pensée, de leur créativité qui prenait leur source dans les cultures des différents pays qu’ils traversaient. En 1987, elle est invitée en Pologne pour présenter cet ouvrage, un voyage qui l’a beaucoup perturbée – au point d’en faire le récit détaillé en guise de Prologue pour Brasier de mots – : « lors de ce voyage, j’ai eu le sentiment que les Polonais cherchaient à recouvrir la mémoire juive de l’extermination par les signes du catholicisme ».

Mais faire connaître le Yiddishland, cela passera avant tout par la transmission de sa littérature, une littérature née précisément dans les Shtetles. C’est pourquoi, au cœur de ce dialogue avec Stéphan Bou, Rachel Ertel s’attarde sur la question de la traduction des textes yiddish, romans et poésie. Puis, comme dans un jeu de poupée russe, elle y introduit une réflexion plus générale sur la traduction qu’elle considère comme une « déchirure », un « écartèlement introdui[sant] dans l’œuvre traduite la nostalgie de la langue originale, de la langue absente », pour enfin revenir plus spécifiquement sur son propre rapport à la traduction, « une activité intérieure », « un exercice spirituel » lui permettant de parvenir à la connaissance intime des choses : « […] je n’ai pas de souvenirs d’enfance. C’est-à-dire que je n’ai pas le souvenir de ma mère me parlant quand j’étais enfant, de ma mère chantant des berceuses. De cette époque, c’est une figure muette qui me revient. Eh bien, j’ai toujours eu l’impression que je traduisais ce qu’elle ne me disait pas. Je traduisais ce que je crois être son mutisme pendant notre séjour en Sibérie. Je pense que la traduction est dans ma vie, compte tenu de mon histoire, une manière de formuler ce qui est le plus profond et le plus difficile à cerner », ce que Stéphane Bou, avec le talent qui est le sien pour rassembler les idées avec justesse, résume en ces termes : « la langue yiddish serait la voix perdue de la mère dans l’enfance. »

L’histoire de Rachel Ertel pourrait se traduire par un seul terme : « passeuse ». Toute sa vie, elle a voulu transmettre la langue, la littérature et la culture yiddish, comme professeur à Paris VII auprès de ses étudiants, pour qu’ils deviennent à leur tour des enseignants passeurs ; comme traductrice et directrice de la collection « Domaine yiddish » à l’attention d’un public de lecteurs anonymes. Ce que l’on doit absolument retenir de son enseignement c’est le fait que la langue et la culture yiddish ont été « une caisse de résonnance » – l’expression revient à plusieurs reprises – « du monde entier et surtout de la modernité ». D’abord par le fait que le yiddish, « synthèse d’allemand, d’hébreu, de slave, de latin et de grec », est une « languemonde » pour reprendre le titre de la première partie de Brasier de mots ; ensuite parce qu’il s’est approprié, pour les faire siennes, les expérimentations littéraires et culturelles de la fin du XIXe et du début du XXe siècle : « il faisait partie de cette grande envolée moderniste qui a marqué l’Europe et les Etats-Unis jusqu’aux années, disons 1930, jusqu’à l’arrivée des régimes totalitaires ».

Mais aussi parce que c’est dans cette langue, pendant et après le Khurbn[3], que les Juifs ont écrit l’Anéantissement. Élie Wiesel le rappelle : « Il faut peut-être souligner qu’il n’est pas dans le monde de langue pour les évoquer pareille au yiddish. La littérature de l’Anéantissement serait sans le yiddish comme sans âme. Je sais, on écrit aussi en d’autres langues. Mais on ne peut le comparer. Les œuvres les plus authentiques sur l’Anéantissement, en prose comme en poésie, sont en yiddish. Est-ce parce que la plupart des victimes sont issues de cette langue et y ont vécu ? Que les professionnels répondent à cette question[4] ». Rachel Ertel, en professionnelle, le confirme : « C’était dicible dans une langue qui était la langue des Juifs, la langue des massacrés, la langue des exterminés ». Dans deux ouvrages exceptionnels, sur lesquels elle revient, Dans la langue de personne, publié en 1993, et Brasier de mots en 2003, elle en témoigne. Outre quelques très grands romans, comme celui de Leïb Rochman, À pas aveugles de par le monde, dans lequel elle s’est plongée pendant quelque cinq ans et dont l’écriture est, à ses yeux, unique, « la seule peut-être, qui soit parvenue avec la pauvreté des mots préexistants à l’Événement à créer un langage sans précédent, comme l’Anéantissement qu’il évoque » c’est la poésie. Elle lui « paraît être la forme la plus appropriée aux situations de l’extrême » et elle est celle qui fut utilisée pour annoncer, bien avant le Khurbn, ce qu’ils furent nombreux à pressentir : « Aux poètes revient le rôle du prophète ou de l’aède pour dire l’Anéantissement devant un monde sourd ». Pour illustrer ce propos, Rachel Ertel prend l’exemple de H. Leivick – dont elle vient de publier la traduction de Dans les bagnes du tsar : il écrivit avant le génocide des poèmes prémonitoires, notamment, en 1936, un poème prophétique consacré à Dachau, et se sentit coupable de n’avoir « pas été à Treblinka ». Ainsi, cette poésie yiddish constitue, pour la traductrice, un genre littéraire à part entière dont elle a transmis la substantifique moelle dans son texte intitué Dans la langue de personne : « La poésie a la fonction de dire non pas la véracité, non pas l’exactitude, mais la vérité, la vérité telle qu’elle est au fond, telle qu’elle est dans les profondeurs de l’être et telle qu’elle affecte tout lecteur. Elle porte l’émotion, la sensibilité. Elle peut porter le deuil ».

C’est en cela qu’elle voit la littérature, et en particulier la poésie, comme un complément à l’Histoire. Cette pensée nous ramène aux propos d’un autre grand intellectuel juif, né quelques années avant Rachel Ertel en Europe de l’Est, à Prague, et dont la vie a elle aussi « été entièrement déterminée par la Shoah ». Dans ses entretiens avec le même Stéphane Bou, à la question : « Quelles œuvres pour raconter l’extermination ? », Saul Friedländer répond : « Il faut des poèmes, des récits et des livres d’histoire, tout cela ensemble. Il est impensable qu’une œuvre nous fasse saisir l’événement de manière à ce qu’on dise : “Voilà quelque chose qui me paraît tellement fort que j’y trouve l’essentiel. Ça y est, j’ai saisi ce dont il s’agit.” C’est une panoplie d’œuvres qui nous aident véritablement à approcher de la Shoah[5] ». Les travaux de ces deux penseurs se font écho : si leurs sources sont différentes, elles sont pour autant convergentes ; et leur objectif est le même : faire entendre ces voix qu’on a essayé, en les exterminant, de faire taire. Rachel Ertel, comme Saul Friedländer, en « cryptophores », exhument les mots qui se sont écrits pendant la période de l’Anéantissement pour les donner à lire et à entendre. L’une en traduisant la littérature, romans et poésie, du Yiddishland, l’autre en écrivant, dans Les années d’extermination, ce qu’il nomme une « histoire intégrée », à savoir une histoire qui prend en compte la parole des victimes, celle qui s’exprime dans les chroniques et les journaux, les lettres et autres écrits intimes : « Il est possible de reconstituer l’histoire de la destruction des Juifs d’Europe au niveau individuel dans la perspective des victimes non seulement sur la base des témoignages d’après-guerre (dépositions devant les tribunaux, entretiens, Mémoires), mais aussi grâce au nombre inhabituellement important de journaux intimes (et de lettres) écrits au cours des événements, et exhumés au fil des décennies suivantes. Ces journaux et ces lettres sont l’œuvre des Juifs de tous les pays, de toutes les conditions, de tous les groupes d’âge, qu’ils aient vécu sous la domination directe des Allemands ou dans la sphère de persécution élargie. […] Par-delà leur importance historique générale, ces chroniques personnelles sont pareilles à des éclairs qui illuminent certaines parties d’un paysage. Elles confirment les intuitions ; elles nous mettent en garde contre la tentation des généralisations vagues. Parfois, elles ne font que répéter ce qui est connu, avec une force inégalée[6] ». Ainsi Saul Friedländer écrit-il l’Histoire en rendant compte de la multiplicité des destins individuels et ce, avec une visée très précise : ne pas domestiquer, comme peut le faire l’Histoire, « le sentiment d’incrédulité qui nous saisit face à un tel événement », ne pas l’aplatir, ne pas lui ôter « cette force de choc ».

En lisant ces entretiens Ertel-Bou, comme les travaux de Friedländer, le lecteur prend parallèlement conscience du foisonnement de la « Khurbn literatur » : journaux intimes, « la forme d’écriture qui s’est imposée le plus dans les ghettos » ; romans, « les tout premiers romans sont écrits en yiddish » ; poésie, forme brève correspondant au contexte d’urgence[7]. Elle s’écrivait à chaque minute et dans le monde entier. Partout où il y avait des Juifs en mesure de témoigner de ce qu’ils vivaient – dans les ghettos et même dans les camps – ou, pour ceux qui avaient réussi à fuir, de ce qu’ils savaient, ils écrivaient l’Anéantissement. « Il y eut […] dans l’ensemble de la vie culturelle yiddish de l’après-guerre, une étonnante créativité. […] les écrivains yiddish ont alors travaillé frénétiquement. Cette énergie créatrice, la masse d’œuvres produites, je les vois comme une revanche sur l’extermination du peuple ». Dans son dialogue avec Stéphan Bou, Rachel Ertel, comme pour les faire revivre un instant, prend le temps d’évoquer quelques-uns de ces auteurs – tous les nommer serait impossible, tant il y en a ! –,  d’expliquer pourquoi ils l’ont marquée, de caractériser pour nous, en quelques mots bien choisis, la spécificité de leur voix. Commentant notamment le travail d’Avrom Sutzkever, créateur de la revue « La chaîne d’or », Rachel Ertel y lit le besoin de « recoller la déchirure », de « combler l’écartèlement que connaissaient les Juifs de l’époque » afin que « cette entaille dans l’histoire de l’humanité » ne soit jamais oubliée.

On ne peut qu’être interpellé par le fait que Rachel Ertel emploie, pour parler du travail de la traduction, la métaphore de la déchirure et de l’écartèlement exactement comme elle le fait ici pour évoquer le Khurbn. Est-ce à dire que traduire serait anéantir ? ! La traduction ne massacre pas la langue que l’on traduit ! Bien au contraire, elle la fait vivre et revivre en donnant à connaître à un plus grand nombre une littérature méconnue. Néanmoins, l’acte de traduire fait prendre conscience à Rachel Ertel qu’en même temps qu’elle fait renaître ces textes, la langue qu’elle traduit est en train de mourir. De fait, si le yiddish semble la voix perdue de la mère, elle est également la voix d’une langue en train de se perdre. Rachel Ertel insiste à plusieurs reprises sur cette spécificité de son travail : elle ne rend pas une langue morte qui a continué à vivre dans d’autres, comme le latin ou le grec, mais elle traduit une langue assassinée, exterminée par les nazis, une langue qui ne se transmet plus que « dans des cercles restreints », « une langue fantôme », pour reprendre l’expression qu’elle emprunte à Isaac Bashevis Singer. Ce qu’elle tente de faire revenir à la lumière, ce sont des « mots enterrés vifs » : « Traduire le yiddish, c’était plonger en apnée, en quelque sorte et remonter à l’air libre. C’est-à-dire prendre une langue qui était en train de disparaître et la faire apparaître au grand jour dans une matière vivante. C’était une situation psychologiquement difficile. Cela demandait des efforts énormes, car, quand on traduit du yiddish, un double mouvement est opéré. D’une part, on fait œuvre de témoignage, on témoigne de ce qui s’est créé dans cette langue en voie de disparition ; et, d’autre part, on fait le deuil de cette langue. [ …] On pense sans cesse que n’existera plus que la traduction. C’est en ce sens que traduire le yiddish, c’est faire en même temps un véritable travail de deuil ». Et ce travail de deuil, comme elle l’explique dans une très émouvante conclusion, consiste à « garder la perte » quand tout est perdu.

Et la perte est grande ! On le comprend lorsque Rachel Ertel retrace pour nous les contours de ce que fut la littérature du Yiddishland. Du côté des romans et des nouvelles, on trouve trois grands ensembles thématiques : « l’écriture de la remémoration nostalgique », celle qui dit le passé de l’existence yiddish dans une « mise en scène du Shtetl traditionnel avec sa vie mythifiée » ; les romans du Khurbn qui « sont dictés par la volonté de transmettre et de rendre cette expérience intelligible, à l’instar des témoignages, mais cette fois en utilisant le codes narratifs de la reconstitution » ; « les romans écrits au présent de la survivance », « illustrés de manière magistrale » par À pas aveugles de par le monde. Sur le versant poétique, Rachel Ertel dégage deux ensembles majeurs : la poésie du silence et celle du cri. Cette classification, elle-même toute poétique, n’est pas sans rappeler les propos qu’elle tint lors de la soirée-rencontre avec Valérie Zenatti, le 13 juin 2019, à l’Espace culturel et universitaire juif d’Europe à Paris : elle y rappelle combien les survivants ont été « entourés par le silence », un silence imposé, le silence de la honte, celle d’être encore en vie et d’être revenus. Pour les écrivains yiddish, il s’est alors agi de « se battre contre ce silence », de « surmonter la mutité » ainsi que, pour les poètes, la « culpabilité de transformer la langue des morts en un objet de poésie ». Le texte yiddish de l’Anéantissement, « effraction à ce silence », a alors été écrit pour lutter « contre la surdité du monde ».

Au-delà du Yiddishland, la littérature est sa passion. La littérature française qu’elle a dévorée très tôt et regarde encore maintenant comme « une des plus grandes du monde ». Puis, la littérature américaine. A la manière d’un philosophe chinois, elle a tenté d’être un « trait d’union » entre ces cultures : « Il existe une littérature juive américaine ou américaine juive, alors que l’on peut chercher en vain une littérature qui soit française et juive, les deux en même temps, française-juive ; c’est-à-dire une littérature qui fasse une synthèse. Aux Etats-Unis, la synthèse existe et elle est passionnante ». Ce rapprochement est naturel en ce qui concerne la littérature américaine, notamment du fait d’une « métamorphose magnifique du yiddish en américain », ce qui a permis à Rachel Ertel de publier chez Payot l’un de ses premiers ouvrages en 1980, Le roman juif américain, une écriture minoritaire. En revanche, il ne va pas de soi avec la littérature et la langue françaises : « dans le français […] une certaine raideur […] m’éloignait trop de ce qui me comblait avec le yiddish, qui m’apparaissait comme une langue-sentiment, une langue affective, une langue-émotion ». C’est pourquoi, explique-t-elle, comme en une prise de conscience à la toute fin de l’entretien, elle a voulu que « l’imaginaire yiddish entre dans la littérature française ». Elle souhaitait « qu’en traduisant en français la littérature yiddish, celle-ci enrichisse de ses beautés la littérature française ».

Véritable appel à la jeune génération d’écrivains et d’artistes, Rachel Ertel trace ici un chemin possible pour transmettre la création littéraire, poétique, picturale, musicale du Yiddishland, comme un début de réponse à ce qu’elle présentait pourtant comme une mise en suspens : cette « culture se transmettra d’une manière ou d’une autre, par des canaux que nous ne pouvons même pas envisager maintenant ». Créateurs, inventeurs, l’avenir est vous… !

 

NOTES

[1] On pourra également écouter les cinq épisodes de l’émission « Voix nue » sur France Culture, « Rachel Ertel, mémoire du yiddish » à l’adresse suivante : https://www.franceculture.fr/emissions/voix-nue/rachel-ertel-memoire-du-yiddish

[2] On trouvera dans cette même rubrique plusieurs articles consacrés à la littérature du Khurbn, notamment un parcours pour découvrir l’œuvre d’Avrom Sutzkever, poète du ghetto de Vilno, une réflexion collective sur la section III, « Prière », du recueil Portes ouvertes de Reïzl Zychlinsky, une autre sur le poète yiddish New Yorkais, Jacob Glatstein. Par ailleurs, le numéro 12 de la revue Mémoires en jeu publie le compte rendu que Dominique Giovacchini consacre au roman de H. Leivick, Dans les bagnes du tsar.

[3] « L’événement est tellement hors du commun qu’évidemment il était impossible, difficile en tout cas, de lui trouver un nom adéquat. […] Donc, les victimes de l’extermination, qui parlaient le yiddish, l’ont appelé le ‘Khurbn’. Le khurban, c’est la destruction, avec un mot qui fait référence à la destruction des deux temples dans l’Antiquité. Mais le véritable temple, au fond, c’est le peuple », Rachel Ertel, p. 26.

[4] Elie Wiesel cité in Annette Wievorka, L’ère du témoin, Paris, Hachette Littérature, 1998, p. 68-69. La traduction est de Rachel Ertel. Il convient d’ailleurs de rappeler que c’est en yiddish qu’Elie Wiesel écrit, en 1954, la première version de La Nuit, à partir des notes qu’il avait rédigées à Buchenwald.

[5] Saul Friedländer, Réflexions sur le nazisme, Entretiens avec Stéphane Bou, Paris, Seuil, 2016, p. 57.

[6] Saul Friedländer, Les Années d’extermination, Paris, Seuil, 2007, p. 27-28.

[7] « Les écrivains yiddish n’abordaient pas souvent le roman à ce moment-là, parce qu’ils savaient que le temps leur était compté. Le plus souvent, ils n’avaient le temps que d’écrire des poèmes, avec l’espoir de transmettre en quelques lignes ou quelques vers les profondeurs de la souffrance, du désespoir qui les accablaient », Rachel Ertel, Mémoire du yiddish, ibid., p. 57.