Anti InstallationNe pas céder au post-romantisme du paysage mémoriel, c’est aussi aller interroger les dispositifs d’effacement et de rejet mis en place à même les territoires pour invisibiliser les populations non-sédentaires. Anti InstallationGeoffroy Mathieu & Jordi Ballesta Depuis 2014, Geoffroy Mathieu et Jordi Ballesta photographient ce qu’ils nomment des dispositifs anti-installation, appelés officiellement «dispositifs de sécurisation» ou «anti-intrusion». Ces dispositifs — présents dans les périphéries (surtout) et centres (également) des métropoles francilienne, lyonnaise, marseillaise, lilloise, bordelaise, nantaise, etc. — ont pour objectif d’empêcher la reconstitution de bidonvilles, après leur destruction par les pouvoirs publics et l’expulsion concomitante de leurs habitants. Geoffroy Mathieu et Jordi Ballesta les organisent sous la forme d’une typologie d’opérations : l’enrochement, le déversement, l’excavation, l’entassement, le creusement de tranchées, le défonçage de revêtements, le saccage puis le maintien sur place des constructions détruites… Ils les contextualisent grâce à la composition d’un texte de citations, issues de documents administratifs, juridiques et associatifs qu’ils ont collectés. À cet ensemble photo-textuel, dont l’intention est pleinement documentaire et la teneur clairement factuelle, les auteurs associent des personnalités extérieures au sein d’une postface et de deux entretiens: l’historien Philippe Artières, la philosophe Joëlle Zask et le juriste William Acker. Anti Installation propose alors une forme d’enquête ouverte aux prolongements, aux approfondissements, aux recherches ultérieures qui, notamment, questionneront la fermeture — dans toutes ses déclinaisons — de notre démocratie. On lira aussi les articles dans le dossier Mémoires in-situ n° 18 de Mémoires en jeu les articles de Philippe Hanus et d’Olivier Chavanon. Dans « Sous les pavés du parking », Philippe Hanus, anthropologue et acteur culturel, déroule l’histoire de la caserne Montfort à Montmélian en Savoie après avoir découvert que rien dans la petite ville n’était venu fixer le souvenir de cet édifice monumental et de ses différentes fonctions dans la longue durée de l’histoire. Ici comme ailleurs, peut-on lire, «la normalisation est en effet synonyme d’occultation, ou presque, sur le plan local». Dans « Bidonvilles de la région Au-R-A. Quelles traces dans le paysage mémoriel?», Olivier Chavanon, sociologue, aboutit sensiblement au même constat dans son étude sur les bidonvilles français du XXe siècle dans le paysage urbain en se concentrant sur ceux de la région lyonnaise.
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Dossier : Edith Bruck. Rescapée. Écrivaine. TémoinEdith Bruck a produit une œuvre foisonnante comptant 19 romans, 6 recueils de poésie, 3 pièces de théâtre et 6 films, dont la plupart porte l’empreinte de sa déportation à Auschwitz, ainsi qu’une double réflexion sur le retour et sur la transmission. Une partie a été traduite en anglais, allemand, danois, espagnol, hongrois, néerlandais. En français sont désormais accessibles au public : Signora Auschwitz (2015), Qui t’aime ainsi est réédité au « Point Seuil » en 2021 et, en janvier 2023, dans la même collection Lettre à ma mère (ces ouvrages ont été préalablement publiés par Philippe Mesnard dans des collections qu’il dirigeait aux éditions Kimé). En 2022, les éditions Rivages ont publié Pourquoi aurais-je survécu ? (recueil de poèmes) et les éditions du Sous-sol, Le Pain perdu (récit autobiographique). En février 2019, Patricia Amardeil, sa première traductrice en langue française, mène un entretien avec Edith Bruck, dont une partie paraît dans le n° 9 de la revue Mémoires en jeu (été-automne 2019). La rencontre est filmée, en voici l’intégralité sous-titrée en français et en anglais, accompagnée d’un dossier regroupant un ensemble de textes sur Edith Bruck. Lire le dossier “Edith Bruck. Rescapée. Écrivaine. Témoin”
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