Le n° 12 de Mémoires en jeu est disponible ! Son dossier traite la question des « Génocides oubliés ». En effet, si certains génocides du XXe siècle retiennent à juste titre l’attention, on s’intéresse moins à d’autres exterminations qui ont jalonné l’Histoire et parfois sombré dans l’oubli. L’étude de quelques-unes d’entre elles – voir notre sommaire – vise à la fois à en préserver la mémoire et à réfléchir sur la notion de génocide. Celle-ci avait-elle une pertinence avant l’invention du mot ? Comment la distinguer de celle de meurtre de masse ? Finalement, qu’est-ce qu’un génocide ?
Le numéro propose également des actualités à propos du Rwanda, de Christian Boltanski, de sorties filmiques et théâtrale, des Sonderkommandos, des varia sur la dimension matérielle des documents ou sur la mémoire de la dictature argentine, des comptes rendus. Vous pouvez commander le n° 12, comme les précédents numéros, sur notre nouveau site, rubrique : « commander la revue ».
Un nouveau site web
Mémoires en jeu prend de l’allure. Le nouveau site de la revue vient d’ouvrir, plus fonctionnel, mieux documenté, plus performant. Des rubriques en accès direct sur la première page et des fenêtres ouvertes sur l’ensemble des articles (rappel : le dernier numéro n’est accessible que 6 mois après sa parution en version papier).
Fervente perecquienne et benjaminienne, notre chiffonnière de l’histoire, telle qu’elle aimait à s’imaginer, nous a définitivement quittés le 3 février 2021. Elle restera toujours accrochée à une idée du Communisme comme on en fait ni n’en fera plus. Infatigable graphomane, insatiable lectrice de livres et de la presse, sans cesse à l’affut des films qui sortaient à l’écran ou qui y revenaient, arpentant les musées et les mémoriaux de long en large, Régine Robin-Maire vivait entre Montréal et Paris, et entre ces deux villes, pour elle, il y avait le monde, de l’Argentine à Shanghai, avec des points de chute comme Londres et, surtout, Berlin dans une Allemagne qui, pour elle, était tout aussi réelle qu’imaginaire. Rivka Ajzersztejn, son nom de naissance, est née le 10 décembre 1939 à « Paris », cette lointaine banlieue de Kałuszyn (Pologne) d’où était originaire sa famille. À lire et à relire absolument Le Cheval blanc de Lénine (1979), La Québécoite (1983), L’amour du yiddish. Écriture juive et sentiment de la langue 1830 – 1930 (1984), Berlin Chantiers (2001), La Mémoire saturée (2003), Nous autres, les autres (2011), Le Mal de Paris (2014), Un roman d’Allemagne (2016). Son avant-avant-dernier opus – car elle en avait toujours au moins deux sur le feu – avait été consacré à Patrick Modiano : Ces lampes qu’on a oublié d’éteindre (2019).
La culture au ban d’Orban
Après avoir démantelé la Central European University, le réseau scientifique de l’Académie hongroise des sciences et plusieurs autres institutions universitaires, le gouvernement dirigé par Viktor Orbán cible désormais le dernier établissement indépendant de recherche du pays : l’Institut d’histoire politique (Politikatörténeti Alapítvány). Ce dernier se consacre à l’histoire du mouvement ouvrier hongrois. Sa réputation est internationale. Il a été élu récemment par le Conseil européen de la recherche pour recevoir le projet ERC Consolidator Grant « Negotiating post-imperial transitions » (1918local.eu). Depuis 2010, l’Institut n’a reçu aucune subvention de l’État hongrois. Récemment, il a été sommé de quitter, sans indemnité ni compensation, les locaux qu’il occupe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les coûts du déménagement représentent le tiers de son budget annuel, soit environ 80 000 euros. Ce fardeau financier va inévitablement réduire son activité de publication et de recherche. Ceci n’est pas le résultat du hasard ou la conséquence regrettable, mais secondaire, d’un choix économique rationnel. Le gouvernement actuel de la Hongrie entend délibérément nuire au fonctionnement de l’Institut.
Une rubrique pédagogie toujours plus active
Cette rubrique rassemble des articles à caractère pédagogique consacrés à l’enseignement des questions mémorielles. Ils concernent tous les niveaux d’enseignement qui ont ces problématiques à leur programme : cycle 3, collège, lycée général et technologique, lycée professionnel, CPGE, BTS, ou qui peuvent en traiter dans des projets spécifiques. Ces ressources sont conçues pour répondre à trois grands objectifs didactiques et pédagogiques : favoriser le croisement des regards disciplinaires, accueillir et privilégier la diversité des approches, accompagner la sensibilité des élèves dans ce travail de la mémoire.
Depuis la chute du communisme en 1989-1991, les questions mémorielles sont au centre de l’actualité polonaise, ukrainienne et russe.Or, la Russie, l’Ukraine et la Pologne sont liées par une histoire commune où les conflits font disparaître les cohabitations et la diversité humaine de ces territoires. Dans cette ouvrage illustré, dirigé par Korine Amacher, Éric Aunoble et Andrii Portnov, une trentaine de spécialistes de l’Europe centrale et orientale nous éclairent sur la manière dont, de l’histoire à la mémoire, des « romans nationaux » antagonistes sont écrits.
Célèbre céramiste américaine dont on peut voir les œuvres exposées au MOMA (Museum of Modern Art) à New-York, Eva Zeisel est moins connue comme rescapée des purges staliniennes en Union soviétique. Elle ne s’est résolue à écrire ses mémoires qu’à l’âge de 81 ans et encore, son récit était-il initialement destiné à ses proches. En 1990, elle reçut un certificat de réhabilitation de la Russie post soviétique et, en 2000, une invitation de l’usine de porcelaine Lomonossov de Saint Pétersbourg où elle avait travaillé en 1933. Elle se rendit alors en Russie, accompagnée de sa famille. Puis, avec l’aide de Karen Kettering, conservatrice spécialisée dans l’art russe, elle prit connaissance de son dossier établi par le NKVD. Ce dossier, qui comprenait le compte rendu de ses interrogatoires et maints détails des conditions de son arrestation et de sa détention, corroborait de façon surprenante ses souvenirs alors qu’elle avait pris la précaution de dire que sa mémoire pouvait parfois lui faire défaut…
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