À Madrid, le parti d’extrême droite Vox, membre de la coalition de droite (Parti populaire, Ciudadanos) qui contrôle la mairie, a proposé en septembre dernier d’expurger la nomenclature urbaine de la capitale espagnole des plaques de rue et des statues des dirigeants socialistes Largo Caballero et Indalecio Prieto Tuero, alléguant de présumés « crimes et pillages » de leur part pendant la guerre civile. L’initiative repose sur une lecture partiale de la loi dite de « la mémoire historique », votée en décembre 2007, qui prévoit de retirer les écussons, les insignes, les plaques et autres objets ou mentions commémoratives d’exaltation, personnelle ou collective, du soulèvement militaire, de la guerre civile et de la répression franquiste. Or, les dirigeants socialistes visés se distinguèrent par leur opposition au soulèvement militaire, pour la défense de la légalité républicaine et des victimes de la dictature poursuivies ou forcées à l’exil. Vox entend répondre ainsi à la suppression qu’effectua la maire socialiste précédente, Manuela Carmena, de toute référence au franquisme dans les rues de Madrid. Une pétition de près de 300 chercheurs espagnols et étrangers, fondée sur un rapport technique précis, circule pour freiner l’instrumentalisation à revers de la loi de 2007. Eduardo González Calleja nous en rend compte dans un billet. | | | | | Mémoires en jeu, n°11 (Été 2020) Paysages de mémoire / Landscapes of Memory Les paysages peuvent-ils témoigner des violences du passé ? Gardent-ils les traces des événements dont ils ont été la scène ? Au contraire, les effacent-ils ? Et si notre mémoire, visible et enfouie y est à l’œuvre, comment s’en approcher ? Ce numéro spécial présente des œuvres d’artistes et de chercheurs qui ont arpenté des lieux chargés d’histoire. Ils tentent d’en interroger le passé par-delà les silences et les disparitions qui y sont inscrits. Dans ce numéro spécial qui vient tout juste de sortir, Mémoires en jeu revient sur la question des paysages de mémoire dont il avait été question dans le dossier du n°7. Cette fois-ci, les réflexions théoriques et analytiques de chercheurs et d’artistes, encadrent un parcours en images et en mots à travers des lieux marqués par les violences de l’histoire. Pour commander un exemplaire du n°11 ou pour s’abonner, c’est ici. Découvrir le sommaire |
| Quand travailler sur la mémoire devient périlleux Le 29 septembre, l’historien Iouri Dmitriev (dont il était question dans nos pages en 2017 et dans notre lettre d’information de juillet dernier) a été condamné à treize ans de colonie pénitentiaire de régime strict. Ce spécialiste du Goulag et défenseur des Droits humains, découvreur de plusieurs sites d’inhumation de la Grande Terreur stalinienne, membre de l’association Memorial international, a été arrêté en 2016, accusé de pédophilie. Acquitté en 2018 pour cet article, condamné en juillet 2020 à trois ans et demi, peine qu’il avait presque fini de purger (et qui, incompatible avec le crime de pédophilie, montrait que l’accusation était sans fondement), il se voit à présent frappé d’une nouvelle peine particulièrement lourde (et qui pourrait s’alourdir encore) à la suite d’une révision du procès en appel. Iouri Dmitriev a 64 ans. À la veille de cette nouvelle audience, il avait été privé de son avocat et s’était vu imposer un avocat commis d’office. Des pratiques héritées du système soviétique semblent être de retour pour faire entrer la mémoire des répressions dans un récit national de plus en plus contrôlé. Voir le site de Memorial France | | Iouri Dmitriev, mars 2018. © Olga Nossenko |
| Ceija Stojka, Sans titre, ref 812, 26/08/2009, Acrylique et peinture argentée sur toile, 60 x 60 cm. © Ceija Stojka, courtesy galerie Christophe Gaillard | | Expositions Ceija Stojka (Paris & Malmö) La Galerie Christophe Gaillard (3, rue Chapon, 75003 Paris) exposera du 21 novembre au 19 décembre les œuvres de Ceija Stojka (1933-2013), artiste autrichienne d’origine rom, qui a témoigné de sa détention à Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen.Dans le n°11 de Mémoires en jeu qui vient de sortir nous publions un éclairage sur la vie et l’œuvre de l’artiste, “Le Paysage vu par une artiste rom déportée”, par Elora Weill-Engerer (critique d’art) : “Il a fallu attendre les années 2000 pour que la particularité de l’extermination des Roms soit réellement reconnue. Le témoignage de Ceija Stojka est donc d’autant plus fort qu’il est un des premiers à briser le silence”.Une rétrospective des œuvres de l’artiste sera également présentée à la Konsthalle de Malmö (Suède), du 30 janvier au 18 avril 2021.Voir le site de la Konsthalle de Malmö |
| De nouvelles publications aux éditions Claire Paulhan Cet automne, les éditions Claire Paulhan publient trois récits autobiographiques d’intellectuels engagés dans l’histoire du XXe siècle : Vladimir Pozner Un Pays de barbelés, Marcel Sauvage Mémoires 1895-1981 et Charles Vildrac Souvenirs militaires de la Grande Guerre.Les recensions de ces livres trouveront une place de choix dans les pages d’un prochain numéro de Mémoires en jeu. Écrivez-nous si vous souhaitez prendre en charge le compte rendu de l’un de ces livres.Lire la présentation des trois publications | | |
| | | “Ruines-fantômes de la guerre d’Espagne” Dans ce nouveau livre paru aux éditions CNRS, Stéphane Michonneau invite à parcourir Belchite à travers une analyse des usages politiques, sociaux et culturels des ruines de ce lieu de mémoire de l’Espagne contemporaine. Belchite, bourg situé à 40 kilomètres au sud-est de Saragosse, a été un lieu de combats extrêmement violents entre les républicains et les nationalistes pendant la guerre civile espagnole. Y cohabitent désormais deux espaces. Le village détruit, en ruines, et conservé depuis dans son état originel. Et, en contrebas, le nouveau bourg dans lequel la population a été transférée entre 1940 et 1963 et où vit désormais « une petite communauté rurale en sursis ». Vitrine du franquisme, Belchite est le lieu à partir duquel Franco avait annoncé en 1938 la construction d’un monde nouveau sur les débris de l’ancien. Découvrir la quatrième de couverture |
| Mémoires en jeu 15, rue des Gobelins – 75013 Paris +33 (0)6 07 11 62 44 / +33 (0)6 85 05 20 06 memoires.en.jeu@gmail.com |
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