Edith Bruck a produit une œuvre foisonnante comptant 19 romans, 6 recueils de poésie, 3 pièces de théâtre et 6 films, dont la plupart porte l’empreinte de sa déportation à Auschwitz, ainsi qu’une double réflexion sur le retour et sur la transmission. Une partie a été traduite en anglais, allemand, danois, espagnol, hongrois, néerlandais. En français sont désormais accessibles au public : Signora Auschwitz (2015), Qui t’aime ainsi est réédité au « Point Seuil » en 2021 et, en janvier 2023, dans la même collection Lettre à ma mère (ces ouvrages ont été préalablement publiés par Philippe Mesnard dans des collections qu’il dirigeait aux éditions Kimé). En 2022, les éditions Rivages ont publié Pourquoi aurais-je survécu ? (recueil de poèmes) et les éditions du Sous-sol, Le Pain perdu (récit autobiographique).
Edith Bruck, Steinschreiber de son nom de famille, est née le 3 mai 1931, à Tiszakarád, un village hongrois situé près de la frontière avec l’Ukraine. Sa famille, pauvre, est en proie à un antisémitisme ambiant qu’Edith Bruck relate avoir subi toute son enfance. Elle est déportée avec sa famille le 27 mai 1944 lors de la déportation massive des Juifs hongrois, orchestrée par Adolf Eichmann, qui se prolonge jusqu’en juillet 1944. Sa mère est immédiatement gazée lors de la sélection à l’arrivée. Son père et son frère sont assassinés lors de leur détention. À l’évacuation du camp, elle est transférée dans des camps de concentration en Allemagne : Kaufering, Landsberg, Dachau, Christianstadt et, enfin, Bergen Belsen d’où elle est libérée en avril 1945. Après une courte escale en Hongrie, où elle ne parvient pas à se réinstaller, elle transite en Tchécoslovaquie pour arriver en Israël en 1948. Mais elle en repart au début des années 1950 pour s’installer finalement à Rome en 1954, y demeurant toujours. En 1957, elle se marie avec Nelo Risi (1920-2015), poète, cinéaste et écrivain. Son premier roman Chi ti ama così (Qui t’aime ainsi) date de 1959. Depuis elle n’a cessé d’écrire et de créer.
En février 2019, Patricia Amardeil, sa première traductrice en langue française, mène un entretien avec Edith Bruck, paraissant dans le n° 9 de la revue Mémoires en jeu. À cette occasion, Philippe Mesnard, directeur de la revue et premier éditeur d’Edith Bruck en France, propose que la rencontre soit filmée. Ivan Andreoli, caméraman travaillant pour la Fondation Villa Emma (Nonantola, Italie) et familier des questions de mémoire, assure les prises de vue et de son. Alors que le montage et la production de cet entretien doivent être réalisés en 2020 pour une mise en ligne dans le courant de l’année sur le site de Mémoires en jeu, la crise sanitaire, la séparation d’avec les éditions Kimé et, ce faisant, une nécessaire réorganisation entraînent la suspension du projet. Fin 2021, Philippe Mesnard reprend le projet et le réalise avec Patricia Amardeil et Ivan Andreoli, avec qui le sous-titrage en français est également assuré.