Du mémoriel en temps de guerre« Dénazifier », « dénazification » : que nous disent ces mots que le discours de Vladimir Poutine a récemment actualisés pour justifier son agression de l’Ukraine ? Qu’y entendons-nous ? Que nous empêchent-ils d’entendre ? Cette utilisation, sur laquelle joue ici une double logique criminelle et propagandiste, repose sur une manipulation de l’histoire. Si l’Ukraine qu’il insulte, en s’émancipant progressivement de l’emprise soviétique et de son mode de fonctionnement, a opté pour un régime démocratique sans doute encore perfectible, celui-ci n’a rien à voir avec le nazisme. L’État et la société de quantité de nations éclairées et tolérantes laissent s’exprimer tout autant, sinon davantage que l’Ukraine, des groupuscules néonazis et ultranationalistes. Plaide aussi pour l’Ukraine le caractère loyal et démocratique des dernières élections présidentielles qui s’y sont tenues, en 2019, et ont conduit à l’élection de Volodymyr Zelensky, en lui accordant 73% des suffrages au 2e tour (30% au premier) contre trois autres candidats dont le président sortant. Que cet homme, dont le monde entier admire aujourd’hui le courage, soit un Juif, qu’une partie de sa famille ait péri durant la Shoah, ne fait que confirmer l’esprit démocratique qui règne dans ce pays. Un esprit qui fait peur à Poutine. De nombreuses analyses ont remis ces évidences en lumière, disqualifiant de facto le prétexte – on ne saurait parler d’argument – poutinien. A aussi été rappelé que ladite « dénazification » avait été une procédure mise en place par les Alliés en Allemagne et en Autriche pour repérer et neutraliser celles et ceux qui, après-guerre, auraient continué de cultiver la vision nazie du monde, ses modèles et ses stéréotypes. Mais pas seulement. (…) [Lire la suite de l’édito en ligne sur notre site] Philippe Mesnard | Images d’Ukraine
À deux reprises Marc Sagnol, qui a sillonné l’Ukraine depuis des décennies, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, a permis à Mémoires en jeu de publier ses travaux photographiques accompagnés d’un carnet de voyage. Retrouvez-les en ligne sur notre site : Ici sur les synagogues Là sur les lieux oubliés de l’Holocauste | Mars 1962-2022. Soixante ans après. Fin de la guerre d’Algérie, début de ses mémoires ?
Le numéro actuel, 15-16, de Mémoires en jeu est entièrement consacré aux mémoires contemporaines de la guerre d’Algérie ou guerre d’indépendance algérienne. Mémoires contemporaines car c’est justement à cette pointe de l’extrême contemporain que nous nous sommes situés. Ce numéro spécial se présente comme un numéro double de 236 pages avec plusieurs portfolios. Nous y interrogeons les modalités culturelles et artistiques, sociales et politiques par lesquelles passent ces mémoires pour s’exprimer depuis les deux dernières décennies en France et en Algérie. Pour cela, nous avons rassemblé des contributions des deux rives. Le numéro est codirigé par Catherine Brun, Sébastien Ledoux & Philippe Mesnard. Écouter, regarder notre entretien avec Benjamin Stora Commander le numéro 15-16 | | |
| N°15-16 : les éditeurs
Nous avons menés une enquête auprès d’éditeurs comptant dans leur catalogue, 60 ans après, encore nombre de publications qui évoquent plus ou moins directement la guerre d’Indépendance. À lire en ligne sur notre site par ici | | |
| ALGERIE COLONIALE. Traces. Mémoires. TransmissionSous la direction de Giulia Fabbiano & Abderahmen Moumen
La colonisation et la guerre d’indépendance algérienne sont une séquence centrale dans la construction nationale et étatique aussi bien de la France que de l’Algérie. Au lendemain de l’indépendance, l’Algérie héroïse son peuple qui s’est levé comme un seul homme, tandis que la France peine à accueillir ceux qui ont fait l’expérience de l’Algérie coloniale. L’ensemble de ces acteurs expriment des narrations et des exigences mémorielles plurielles, parfois antagonistes. Chacun prend le fragment dans lequel il se reconnaît, participant de la construction d’une mémoire-puzzle, en dehors d’une vision globale de ce que fut l’entreprise coloniale. En pleine actualité mémorielle, cet ouvrage propose de quitter le terrain passionnel et les instrumentalisations politiciennes et de déplacer le regard sur les agissements du passé en transmission et toujours en mouvement. Les contributions réunies ici interrogent les traces de la colonisation, de la guerre d’indépendance et de leurs mémoires dans différents domaines et différents milieux. Une démarche nécessaire qui ouvre un champ et renouvelle le débat. Giulia Fabbiano est anthropologue, spécialiste de l’espace transnational algérien. Abderahmen Moumen est historien et chercheur associé à TELEMMe (Aix-Marseille Université). Contact presse Marie-Laurence Dubray : m.laurence.dubray@lecavalierbleu.com / 06 07 83 57 53 | | |
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