Le n° 13 de Mémoires en jeu sera disponible le mois prochain. Son portfolio, réalisé par Carlo Saletti, est consacré à la reconstitution des batailles de l’indépendance italienne, son grand entretien à la grande famine d’Ukraine, donnant la parole à Nicolas Werth et Catherine Goussef. La nouvelle revue K., les Juifs, l’Europe, le XXIe siècle est présentée par ses rédacteurs et le dossier rassemble des textes autour de la question des monuments & des tombeaux – voir notre sommaire. Le dossier du n° 14 (automne 2021) sera consacré aux « Mémoires numériques » et celui du n° 15 (hiver 2021) aux « Mémoires actuelles de la guerre de l’indépendance algérienne ».
La mémoire russe fait machine arrière
Le 22 mars 2021, le Portail officiel d’information juridique de la Fédération de Russie a publié le décret n° 591 du ministère de la Défense, annulant celui du 8 mai 2007 de ce même ministère qui déclassifiait les archives de l’Armée rouge et de la Marine militaire pour la période 1941-1945. Si la Russie n’est pas le seul pays où l’accès aux archives fait l’objet d’instructions régressives (voir Mémoires en Jeu n° 13, p. 17-19, à paraître au printemps 2021), c’est paradoxalement l’événement le plus commémoré et glorifié de toute l’histoire russe – la « Grande Guerre patriotique », mythe fondateur du régime – qui en est ici frappé. Dans le sillage de sa sacralisation, déjà attestée par un dispositif législatif visant à protéger ses histoire et mémoire contre toute intention de « nuire à l’image de la Russie », le travail de l’historien devient suspect. On lui préfère résolument les fictions héroïques, les rassemblements commémoratifs ou les reconstructions.
Actualité éditoriale pour le réseau Mémorha
Le Réseau Mémorha fédère depuis 2011 musées, mémoriaux, sites historiques et acteurs culturels, éducatifs et scientifiques en Rhône-Alpes-Auvergne, avec pour mission première de mener une réflexion sur la transmission de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ainsi que sur les nouvelles formes de représentation de la période dans l’espace public. Mémorha se veut également un lieu d’échange d’expériences scientifiques et professionnelles en France et en Europe. Depuis quelques années, il bénéficie de son propre espace de publication au sein des éditions Libel, une collection dʼouvrages richement documentés qui prolonge son travail de terrain.
La dernière parution en date intitulée Loin des fronts ? Commémoration(s) en action sʼinterroge sur ce qui fait la commémoration, hier et aujourd’hui, mais aussi sur ce qu’elle fait, à travers les pratiques, usages et appropriations sociales auxquels elle donne lieu.
Le modernisme yiddish de passage dans la revue Germanica
Ce numéro renferme une enquête sur les espaces tiers, parfois dits de « l’entre-deux », qui au tournant des XIXe et XXe siècles permirent le passage des populations yiddishophones orientales et d’Europe centrale dans la modernité, et purent conduire à la formulation d’une identité juive moderne. Les contributeurs y scrutent tout autant les phénomènes de contact et d’hybridation que l’étanchéité ou la permanence des structures. De cette observation, élargie à des espaces marginaux antérieurs et aux prolongements de cette imprégnation au-delà de la Shoah, émerge une présence juive qui s’énonce en plein ou en creux.
Germanica, n° 67/2020
Entre deux mondes – Marges, passage et modernité dans la culture yiddish au XXe siècle
On peut voir la silhouette bouleversante d’Avrom Sutzkever dans le film qui, en 1945, enregistre son témoignage au procès de Nuremberg. Il est l’un des rares Juifs qui y témoignera, prenant la parole après un long silence. À la barre, il est présenté comme un rescapé du ghetto de Vilnius, mais il est déjà un grand poète yiddish – qui s’interroge, dans un de ses vers de 1943 : « suis-je le dernier poète d’europe ? » L’Europe a perdu là sa majuscule. À l’occasion de la parution d’Heures rapiécées, monumentale anthologie des poèmes tirés de tous les ouvrages publiés par Sutzkever – et qui vient de paraître aux Éditions de l’éclat – sa traductrice Rachel Ertel fait pour K. le portrait de ce poète immense sur fond de son rapport à l’Europe.
Les éditions Glyphe ont récemment réédité la biographie que Jeanne Teisson a consacrée à la résistante et ethnologue Germaine Tillion, entrée au Panthéon en 2015. Personnage méconnu de lʼhistoire du XXe siècle, cette rescapée du camp de Ravensbrück a lutté toute sa vie pour la justice, les droits humains, la paix et l’égalité entre les hommes et les femmes. La pensée de cette humaniste lucide et bienveillante ainsi que ses combats, notamment pour la cause algérienne, éclairent encore aujourd’hui notre monde où la solidarité entre les peuples est plus que jamais nécessaire. Au fil des pages de cet ouvrage exhaustif et sʼadressant à tous les publics, des proches de Germaine Tillion ont apporté leur témoignage afin de faire revivre la trajectoire unique de cette grande dame.
Carlo Ginzburg, historien de formation, est un éminent représentant de la micro-histoire, doublé d’un fervent intellectuel qui n’a pas hésité à s’engager sur des fronts aussi bien scientifiques que politiques. Le témoignage est de première importance dans sa recherche. Mais le témoignage porte aussi pour lui, en tant que rapport de l’expérience vécue à l’histoire, l’empreinte de la persécution de sa propre famille sous le fascisme. C’est sous cette double focale que cet entretien permet d’écouter un des grands fondateurs de la réflexion sur la mémoire, l’histoire et la place que tient, entre savoir et société, la question testimoniale.
Si vous ne souhaitez plus recevoir des nouvelles, “{unsubscribe}cliquez ici{/unsubscribe}”.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.OkNonPolitique de confidentialité